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La phase de
démarrage
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La phase de demarrage

Le matériel est prêt. Vous êtes certainement pressés de passer à l'action, mais la plus grande patience va vous être n écessaire pour démarrer correctement votre bac.

Cette fameuse phase de démarrage est une étape clé pour la réussite de votre projet. Le bac doit mûrir pour atteindre son équilibre biologique. Des montées de nitrites (NO2) puis de nitrates (NO3) devront être graduellement absorbées. Les algues inférieures pionnières (algues vertes filamenteuses) cèderont peu à peu la place aux algues supérieures. Les animaux devront s'installer et leur population croître progressivement, des plus petits aux plus grands. Vous devrez accompagner ces transformations en effectuant les modifications utiles en temps voulu. Les divers animaux que vous introduirez auront un rôle bénéfique, une tâche à accomplir, pour rendre l'ensemble homogène, sain et durable et constituer ainsi un petit écosystème aussi stable que possible.

Voici les étapes principales du démarrage de l'aquarium :

Semaines
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Phase
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Etapes
Mise en eau
Mise en place des pierres vivantes
Décor définitif
Introduction détritivores
Invertébrés (crevettes, ...)
Introduction de  coraux mous
Introduction des poissons
Conditions de passage à l'étape suivante
Vérification du matériel, T° et  densité
Régression des nitrates, aclimatation des PV, milieu apparemment sain
Présence de la microfaune
Régression des algues inférieures
Apparition des algues corallines
Maîtrise des paramètres physico-chimiques
Stabilité sur le long terme avant l'introduction des coraux durs

Encore une fois PATIENCE ! Les délais indiqués pourront être allongés sans aucun inconvénient en fonction de vos observations et de l’évolution biologique naturelle. En revanche il est déconseillé de procéder plus rapidement, un aquarium se bâti sur une maturité biologique qu'il est impossible d'accélérer. Allez plus vite, même si cela est possible, c'est risquer de voir disparaitre une partie de la biodiversité apportée avec les roches vivantes, c'est aussi introduire des espèces fragiles avant d'avoir 'le coup de main' et un milieu compatible avec leur survie.

Astuce : Prendre des photos est un bon moyen pour parler de son aquarium et une image vaut mieux qu’un long discours. Les photos gardent aussi en mémoire l’évolution de l’aquarium. Un APN (Appareil Photo Numérique) disposant d’un mode macro est très pratique pour retracer l’historique de votre aquarium et faire identifier un animal sur les forums Internet. Cela permet également d’avoir d’agréables photographies et de découvrir parfois un minuscule détail qui jusqu’alors avait échappé. Plus d'info au chapitre macro-photographies et exemples dans l'album.

Franchir les différentes étapes :

 1. T0 La mise en eau.

T0 L’aquarium est installé sur son support et vous avez pu vérifier le montage de tous les éléments à sec, c’est beaucoup plus facile à vide qu’une fois l’aquarium rempli. N’oubliez pas la plaque de polystyrène entre le fond de l’aquarium et le meuble qui absorbe les petites irrégularités.

Si vous êtes sûr de l'étanchéité de l'aquarium et de l'installation : Disposition des pompes, etc. remplissage direct à partir d'eau osmosée, sinon faites un essai préalable avec de l'eau du robinet.

Il est inutile de trop remplir, tenez compte du volume des futures pierres vivantes et du décor. Normalement un remplissage aux 3/4 suffit mais il faut en préparer un peu plus pour le futur nettoyage des pierres vivantes. Utilisez de l'eau osmosée ou de l'eau de source de bonne qualité car il est nécessaire de garantir dès à présent un taux de phosphates et de nitrates le plus bas possible.

Nota : Les phosphates introduits dans l'aquarium sont extrêmement difficiles à extraire. Ils sont responsables, même à faible taux de croissance d'algues indésirables et à plus hautes doses deviennent toxiques pour les invertébrés.

Plus d’info au chapitre ‘Les additifs compositions et dosages

Ajout du sel. Un sel relativement complet non enrichi en oligo-éléments convient parfaitement. Par exemples : Le sel synthétique ‘Instant Ocean’ ou le sel naturel ‘Red sea’. Il faut viser une densité de 1025 à 25°C soit une salinité d’environ 38 g de sel par litre d'eau douce. L'eau de mer naturelle risque d’être de qualité inférieure à cause de la pollution due aux nitrates et phosphates agricoles, il suffit de constater les magnifiques croissances d'algues vertes sur les plages bretonnes... Cependant si vous avez la chance de disposer d’eau de mer de bonne qualité, confirmé après un test des nitrates/phosphates, vous pouvez, bien entendu, l’utiliser en remplacement du sel synthétique.

Normalement le KH s'établit autour de 8 après dissolution du sel. Si votre eau est particulièrement acide, probablement due à une très faible minéralisation, il peut être intéressant d'ajouter un buffer pour durcir dés à présent votre eau. Le Buffer est un mélange de bicarbonate de sodium, carbonate de sodium et borate de sodium. De 5 à 10 grammes de ce buffer pour 100 litres devraient suffire. Vous lancez le brassage pendant 24h avant de contrôlerde nouveau le KH. Lorsque celui-ci atteint 7 vous pouvez continuer l'étape suivante.

Mettre en place le sable de calcaire (propre) dans un coin de l'aquarium en laissant une bonne pente ou mieux placez-le dans des bacs plastiques de façon à faire une zone à nue permettant de siphonner facilement les futurs sédiments rejetés par les pierres vivantes. Vous mettrez le sable en place à plat plus tard. Le sable doit être constitué uniquement par du corail concassé d’excellente qualité, de préférence un mélange d'aragonite et de calcite. Le sable de nos plages ou de rivière composé essentiellement de silice ne convient pas. L'épaisseur doit être suffisante pour le développement de la microfaune et la substrat doit être assez fin.

Je suis partisant d'introduire le substrat de manière précoce et non pas comme généralement admis après la phase de maturation des pierres vivantes. En effet j'espère préserver au maximum la biodiversité apportée par les roches prélevées en milieu naturel. Il est vrai que la sédimentation excessive est un peu plus difficile à retirer mais en prenant la précaution de modeler une pente c'est tout à fait possible. Le substrat ne sera maintenu que si la microfaune la véritablement colonisé.

Mise en place, si vous en avez, des pierres mortes de votre décor. Autant vérifier le plus tôt possible leur neutralité chimique et biologique. Ces pierres sont destinées à être colonisées et rendues vivantes par contact avec les pierres vivantes. Ce procédé n'est cependant pas garanti. Vous les choisirez calcaires et poreuses comportant de multiples alvéoles. Les coraux morts ou les pierres calcaires présentant ces caractéristiques, prélevées sur le littoral semblent être, la moins mauvaise alternative. Vérifiez la législation concernant le prélèvement en milieu naturel. Cependant si votre budget vous le permet, faites tout le décor en pierres vivantes, cela est vraiment préférable. Le délai de mise en service de l'aquarium est raccourci avec un équilibre plus rapidement atteint, et cela sans les mauvaises surprises : Pierres polluées, présence de métaux, libération d'éléments chimiques, efficacité très relative des pierres pour la dénitrification...

Mettre en marche l'écumeur et les pompes de brassage. L'écumeur n'écume normalement rien mais sert à brasser et oxygéner l'eau, pas de panique donc s'il n'écume pas, c'est tout à fait normal.

Il est inutile d'ajouter une quelconque préparation destinée à ensemencée l'eau, type 'Bacnet', les pierres vivantes vont s'en charger de façon bien plus naturelle et permanente. L'aquarium est laissé simplement dans cet état pendant une à deux semaines surtout si vous avez ajouté des pierres mortes. Cette phase préparatoire vous permet de tester aussi le bon fonctionnement du matériel : Ecumeur, brassage, éclairage, de peaufiner les réglages et le placement des éléments. Une fois les pierres en place il est plus difficile d'intervenir. Vous pouvez aussi vous entrainer à la manipulation du kit de mesure : densité, pH, dKH, Mg, les valeurs doivent être nominales. Et surtout rechercher tranquillement la meilleure source d'approvisionnement en roches vivantes...

Continuez aussi à potasser la technique…

2. T0+2 semaines Ajout des pierres vivantes

T0+2 semaines Etape importante. Ajoutez toutes les pierres vivantes en une fois. Vous aurez choisis les pierres non préparées et le plus riche en vie possible. Ne négligez pas l'importance de la qualité des pierres vivantes. Celles-ci doivent être des débris coralliens durs et poreux recouverts d'algues corallines roses ou rouges. Achetez des pierres non conditionnées, moins chères, plus garnies mais aussi plus ‘sales’. Ayez la patience d'attendre un nouvel arrivage prometteur plutôt que de démarrer avec une mauvaise base. Si par chance vous trouvez un lot idéal vous pouvez le placer dans l'aquarium 24H après dissolution du sel. Les pierres non conditionnées sont parfaites pour la phase de démarrage mais sont déconseillées en ajout ultérieur car l’équilibre biologique est fortement perturbé. Si vous ajoutez ultérieurement des pierres vivantes dans un aquarium établi, il faudra utiliser des pierres conditionnées ou issues d'un autre bac installé. Mais prenez garde à ne pas acheter des pierres conditionnées infectées par des aiptasia ou des planaires. Un apport exceptionnel de bactéries vivantes (type BACNET) put réduire le pic de nitrites, voir nitrates, déclenché par ce nouvel apport.

clown caché

Amphiprion ocellaris à l'abri dans un Sinularia


ophiure

Une ophiure Ophioderma appressum, cachée dans une éponge

Les ‘indésirables’

Il ne faut pas être partisan d'un trop fort nettoyage des roches et de la suppression systématiques des animaux classé rapidement indésirables. Avec eux partent aussi une partie de la biodiversité. La très grande majorité des plantes et animaux apportés par les pierres vivantes sont indispensables à l’aquarium, il ne faut pas les craindre. Il y a quand même quelques rares exceptions et de véritables calamités, voici quelques exemples :

Il faut reconnaître que souvent nous jugeons sur son apparence l'utilité ou non d'un animal, or ce principe est totalement subjectif, une vilaine bête nous est parfois bien utile.

Traduction d'un article de Ron Shimek : Ces horribles vers !

Que cette considération ne vous empêche pas de nettoyer consciencieusement les pierres avec une brosse douce et avec l'eau salée du bac pour supprimer tout débris susceptible de pourrir. Les pierres sont bien inspectées. Les algues et éponges douteuses sont taillées court, toute source d'odeur suspecte ôtée. Les éponges ayant voyagé à sec, ce qui est généralement le cas lors du transport des pierres vivantes, sont condamnées à mourir. Il faut en conséquence en enlever la plus grande partie, avec un peu de chance elles repousseront. Le soin apporté dans la préparation dépend aussi beaucoup de la fraîcheur des pierres vivantes et si l’arrivage est très récent le nettoyage pourra être plus superficiel. Si vous n'êtes pas certain d'identifier les sources potentielles de problèmes, vous avez la ressource d’opter pour l'achat de pierres préparées par votre revendeur mais sans qu’il s’agisse de pierres conditionnées beaucoup moins riches en organismes.

Dans la mesure du possible les pierres sont orientées de façon à exposer de nouveau à la lumière la face qui a déjà été exposée au soleil, signalée par la couleur rose/rouge des algues calcaires corallines.

Malgré la vitalité des animaux et des plantes qui habitent les pierres vivantes, les conditions de voyage ont été rudes, ce qui fait que de nombreux organismes sont morts et que la charge de pollution dans l'aquarium va dépasser rapidement la capacité d'épuration biologique. Heureusement nous avons un écumeur puissant pour épurer le milieu. Le pic de pollution est normal, ne vous souciez pas des nitrites et des nitrates, pas encore…

A partir de maintenant mise en marche de l'éclairage du bac pendant 12h/jour. L'option “ne pas éclairer pour ne pas favoriser l'apparition d'algues” ne me semble pas très raisonnable. En effet, les algues prolifèrent à cause des nutriments en excès (eutrophisation ), il faut que ces nutriments soient absorbés le plus rapidement possible et l'éclairage favorisant la croissance des algues inférieures fait partie de notre arsenal. Dans cette phase il faut voir les algues comme des alliées, elles régresseront naturellement lorsque les nutriments en excès seront consommés. De plus le manque de lumière risque de tuer de précieux organismes qui ne reparaîtront plus dans l'aquarium.

Spirobranchus giganteus Fungia sp.Acropora sp.

L'écumeur participe activement à l'épuration et doit normalement retirer une écume et un liquide brun/verdâtre, malodorant, cela prouve qu'il est bien réglé et efficace. Pendant cette phase critique les pierres vivantes sont ainsi principalement aidées par l'écumeur. Vous les aidez également en éliminant par siphonage le maximum de déchets. Les algues inférieures sont aussi régulièrement enlevées, les filamenteuses peuvent être arrachées à l’aide une brosse à dents. Le perlon du filtre externe est nettoyé tous les deux jours, voir plus si les sédiments rejetés par les pierres sont importants. Un brassage énergique est utile pour décoller les déchets quelques heures avant un nettoyage du filtre. Si cela l'exige, les pierres sont retirées pour enlever plus facilement les sédiments et déchets. Une poche de charbon actif est placée soit dans le filtre soit dans la décantation, elle est changée chaque semaine.

Un renouvellement partiel de l'eau effectué régulièrement est très conseillé, par exemple : 5% du volume toutes les semaines. Vous en profitez pour siphonner les sédiments et les dépôts.

Les nitrites, remplacés bientôt par les nitrates vont grimper, pas d'inquiétude c’est normal. La vie doit continuer à se développer pendant un minimum de 6 semaines pour absorber le pic de nitrates et la réduction des nutriments excédentaires.

Si la flore et la faune s’installent et que le milieu semble sain, tout va bien, il suffit d'attendre patiemment, pendant 6 à 8 semaines ou plus, que la microfaune se développe avec, comme conséquence, la régression naturelle des nutriments 'dévorés' par les algues et les petits organismes isopodes, copépodes, amphipodes, vers, ... jusqu'aux bactéries dénitrifiantes !

Amphipode
Amphipode (photo R. Parisot)

Les 'pods' : Amphipodes, isopodes, mysis, etc. précieux auxiliaires en vidéo

Que faire en cas de problèMe ?

Si vous notez une dégradation à un quelconque moment de la vie de l’aquarium il faudra rechercher une cause à ce problème et agir comme suit :

Mesurez les paramètres physico-chimiques, en particulier les nitrites/nitrates/phosphates et vérifiez les points suivants :

3. T0+8 semaines le decor definitif

T0+8 semaines Vous pouvez maintenant mettre le décor définitivement en place : Agencer les pierres vivantes et aplanir le sable.
Les animaux fouisseurs peuvent déstabiliser les pierres en creusant. Celles-ci doivent reposer directement sur le fond du bac ou sur un support et non pas sur la couche de sable. Evitez un empilage instable. Les pierres peuvent être collées avec de la résine époxy en pâte à 2 composants ou bien attachées entre elles par des colliers en plastique.

Astuce : La meilleure solution pour disposer les pierres vivantes est de faire un échafaudage ou une série d’étagères en tubes, plaques de PVC ou en verre. Cette ossature du décor ne fera pas d'emprise sur le fond tout en laissant l'eau circuler et permettra de placer de façon stable toutes les pierres. Celles-ci peuvent aussi être montées par une ossature interne en les perçant pour y loger un tube en fibre assurant l’assemblage.

Essayez de ne pas mettre toutes les pierres en contact les unes avec les autres pour éviter la colonisation de tout l’espace par un corail envahissant. Cela permet aussi un retrait partiel sans bouleverser tout le montage. Ne sous estimez pas la force de terrassiers des bernards-l'ermite, oursins et consorts, faites solide.

Tout ce montage doit approcher de la surface en ménageant des places libres, stables et bien éclairées pour pouvoir y placer ultérieurement les coraux qui seront achetés fixés eux-mêmes sur des petites pierres. L’empilement ne pas trop s’approcher des parois visibles de l’aquarium pour faciliter le nettoyage des vitres.

Les pierres sont placées de façon à ce que l'eau et les futurs poissons puissent circuler autour, à faire un maximum de cachettes, d'abris, de passages, pour compenser la petitesse de l'aquarium et permettre aux poissons et aux invertébrés de se cacher et d'évacuer le stress. La disposition interne est autant significative sur le confort de vie des animaux que la taille du bac. Pour leur bien-être, les animaux territoriaux doivent pouvoir se fixer une zone de sécurité. De bonnes cachettes permettent de réduire la taille de cette bulle de protection. Bien entendu, même avec de nombreuses cachettes il ne faut pas placer dans le même aquarium des poissons pouvant être en compétition comme c’est le cas s’il s’agit de spécimens de la même espèce.

Cette phase intermédiaire est mise à profit pour vous apprendre à maintenir la température et la densité de l'eau à des valeurs correctes (T=27/28°C - d=1025 ± 2). Notez que la mesure de la densité est variable en fonction de la température. Aussi essayez de faire cette mesure à température constante (27° Celsius est parfait) et surtout pas de changement brutal de salinité : Un ajustement doit toujours fait progressivement avec une variation n’excédant pas 1 à 2% par jour.

Plus d’info au chapitre ’Quelques repères, valeurs moyennes

Avec les pierres vivantes, vous pouvez avoir la chance de voir pousser des Xenia, des Zoanthus, des algues (Caulerpa mais aussi des algues calcaires), et plus sûrement voir des vers tubicoles, ou errants, des petits gastéropodes ou crustacés mysis, amphipodes, copépodes, etc. Cette phase est passionnante car la vie semble surgir de nulle part ! Chaque jour apporte son lot de nouveautés.

Les quelques crabes et autres vers, qui sont parfois classés un peu vite indésirables se tiennent généralement correctement et participent au recyclage des déchets. Il ne faut pas les juger hâtivement sur leur apparence ou leur réputation. La beauté et l'utilité sont deux critères forts différents et si l’un est subjectif, l’autre pas. Pour la stabilité et l'équilibre écologique de notre aquarium mieux vaut privilégier l'intérêt à l'esthétique.

Vers polychètres, utile détritivore (photo R. Parisot)
Vers polychètres, utile détritivore (photo R. Parisot)

Vers tubicole, utile détritivore (photo R. Parisot)
Vers tubicole, utile détritivore (photo R. Parisot)

4. T0+10 semaines les premiers detritivores

T0+10 semaines Introduction des premiers crustacés et gastéropodes résistants. Ceux-ci vont participer au nettoyage et à une maturation plus rapide du bac. Les boutiques spécialisées les proposent en kit : Astraea, Trochus, Turbo, bernards-l'ermite, ophiures. Ce sont des herbivores (alguivores) ou des détritivores, auxiliaires efficaces qui vont nous aider à contrôler la croissance des algues, nettoyer puis entretenir l'aquarium. Le milieu doit leur permettre de survivre, les nitrates ont baissés et un début de chaîne alimentaire c'est mis en place : Microflore composée d’algues inférieures, algues supérieures, vers, petits crustacés, etc. Le fait de mettre des espèces différentes, aux habitudes alimentaires distinctes, élargi l’impact de ceux-ci sur les différentes variétés d’algues. Ne prenez pas le risque d'introduire trop d'animaux en une fois. Si ceux-ci venaient à mourir la pollution résultante pourrait être fatale pour l'ensemble du bac. Si vous achetez un ‘kit’, essayez de négocier plusieurs lots.

Plus d’info au chapitre ’Herbivores et détritivores utiles’.

Astuce : Les animaux inférieurs sont très sensibles aux variations de température, salinité, globalement à tout changement rapide de leur environnement. Aussi le principe du goutte-à-goutte pour remplacer l’eau de transport par l’eau de l’aquarium sera appliqué pour ces petits animaux.

Bien qu’il soit toujours préférable de choisir des animaux tropicaux, le bernard-l’ermite de la côte méditerranéenne Clibanarius misanthropus s’accommode tant bien que mal à la vie en aquarium.

Autre animal de nos régions capable de s’adapter aux conditions de l’aquarium, la gibbule Gibbula umbilicalis, petit mollusque brouteur à coquille à stries longitudinales pourvue de nacre à l’intérieur. Appelé aussi ‘faux bigorneau’. NB. Le véritable bigorneau ne s’adapte pas et meurt rapidement en captivité.

Gibbule
Gibbule

Il faut maintenant attendre la régression puis la disparition des algues inférieures. Les algues supérieures, par exemple : Les Caulerpa, plus lentes à démarrer vont rapidement les concurrencer et gagner du terrain, laissez-les pousser. Si elles sont absentes vous pouvez même en acheter. Malgré leur forte croissance, les algues supérieures restent plus faciles à contrôler même si cela demande un élagage parfois quotidien.

Caulerpa sp
Caulerpa sp.

Un excellent signe est l'apparition d'algues corallines roses ou rouges sur les vitres, pompes, etc. Cette phase peut être longue, soyez toujours patient, les algues indésirables finiront par régresser et disparaître, les corallines par pousser, ce bio indicateur annonce que le milieu devient sain (oligotrophe) par réduction progressive des nutriments excédentaires.

5. T0+13 semaines Les premiers invertebres

T0+13 semaines Le bac est en eau depuis environ 12 à 16 semaines, peut être plus... Les algues corallines poussent maintenant un peu partout. Les nutriments en excès ont été absorbés, les nitrates ont chutés. Pour préparer l'étape suivante il est maintenant nécessaire de contrôler sérieusement quelques paramètres physico-chimiques : salinité, dureté, pH.

La tendance est tout autant importante que la valeur absolue aussi aidez-vous du tableau de maintenance proposé page 104 pour noter les résultats de vos mesures.

Vous ajouterez en cas de besoin :

Du sel complet pour maintenir la salinité à 1025. Un sel riche en calcium, magnésium et oligo-éléments convient maintenant, qualité ‘reef’, comme par exemple : Le sel ‘Reef cristal’ d’Aquarium Systems.

Un mélange de bicarbonate de sodium, carbonate de sodium et borate de sodium appelé buffer ou tampon. Le buffer est ajouté pour maintenir une dureté entre 6° et 10° dKH, 8°est déjà bien, et par conséquence contenir les baisses de pH dans des limites acceptables. Notez que le pH varie naturellement du fait de l'activité photosynthétique des plantes et zooxanthelles pendant la journée. Une variation de 0,2 à 0,6 peut-être encore considérée comme normale, par exemple : 7.8 le matin et 8.4 le soir. Un dKH élevé permet aussi l'élaboration de squelettes ou coquilles en calcaire par les organismes vivants en apportant la part carbonatée.

Plus d’info au chapitre ‘Les variations du pH'

Bien sûr le renouvellement mensuel d'eau de 20% est maintenu, au début mieux vaut ne pas prendre de risque. Lorsque le bac sera mature 10% pourront suffire. Vous continuez l'introduction progressive des gastéropodes et petits crustacés herbivores comme les bernards-l’ermite.

Si tout va bien, vous pouvez introduire des invertébrés un peu plus fragiles comme les utiles crevettes :

Lysmata amboinensis. Cette jolie crevette est parfaite pour un aquarium récifal. Elle est de plus bien acceptée et même attendue par les poissons. En effet elle retire leurs parasites, en particulier les ‘points blancs’ (Cryptocariose) le stress de l’introduction dans le bac déclenchant parfois une éruption chez les poissons.

Lysmata wurdemanni discrètes et efficaces contre les anémones Aiptasia risquant d’envahir le bac.

Les petites crevettes grises de nos régions Crangon crangon qui se comportent plutôt bien dans un aquarium récifal. Une petite réserve : Pour écarter tout risque, évitez d’en introduire si vous décidez de conserver des Tridacna ou des coraux durs.

Vous devrez commencer à nourrir ces animaux avec des nourritures adaptées.

Plus d’info au chapitre ‘Nourrir

N’oubliez pas : Evitez d’acheter des animaux non adaptés à l'aquarium d'un débutant. L’inadéquation peut être le fait des difficultés pour apporter les soins appropriés ou bien de l’inadaptation de l’animal à un petit bac récifal. Il est inutile d’acheter un spécimen s’il est destiné à mourir en quelques mois ou s’il met en péril la stabilité de l’aquarium.

6. T0+16 semaines Les premiers coraux mous

T0+16 semaines Tout semble correct. Les algues inférieures vous laissent tranquille et ont heureusement (presque) disparues. Les algues corallines apparaissent un peu partout.

Vous pouvez enfin vous offrir vos premiers coraux mous (alcyonaires) choisis parmi les plus résistants : Sarcophyton, Sinularia, Lobophyton, Discosoma (Actinodiscus), Ricordea, Rhodactis, Zoanthus, Parazoanthus, Clavularia, Pachyclavularia, Xenia. Ce sont les coraux mous que l’on trouve le plus fréquemment chez les revendeurs. Ces coraux hébergent des zooxanthelles, qui est pour les coraux leur source principale de nourriture en aquarium. Contentez-vous des espèces symbiotiques. Le choix est déjà vaste et magnifique.

Introduire les spécimens un par un tout en espaçant les achats de plusieurs semaines et en vérifiant que le spécimen introduit supporte son transfert et commence sa croissance dans l'aquarium. Il faut choisir les coraux comme le reste de façon réfléchie selon un plan établi et non pas impulsivement dans la boutique du revendeur. Vous devez connaître leurs conditions de vie avant de les introduire dans l'aquarium.

L'idéal est d'obtenir des boutures d'autres amateurs. Il est remarquable de constater la croissance, parfois spectaculaire, des boutures, généralement bien meilleure que celle des coraux d'importation. Les boutures de coraux mous seront coincées entre deux pierres ou attachés avec de la bande téflon utilisée en plomberie, les coraux plus durs peuvent être collés avec des pâtes époxy spéciales aquariophiles ou maintenus avec du fil nylon.

Issus du même biotope naturel, les différents animaux ont globalement les mêmes besoins mais il existe de petites différences. La quantité de lumière nécessaire ainsi que la force du brassage sont des paramètres déterminant l'emplacement des différentes colonies dans l'aquarium. Les coraux vont normalement prospérer et s'étendre, parfois de façon spectaculaire et envahissante (Pachyclavularia, Xenia). Les colonies vont se concurrencer et lutter pour l’obtention du territoire. Il est nécessaire de prévoir dès le départ des distances suffisantes pour les séparer. Généralement lorsque deux types de coraux sont en contact, un des deux fini par mourir.

Si une espèce régresse, essayez de la changer de place, mais n’insistez pas, si elle ne se plait pas dans votre aquarium ne l’introduisez pas de nouveau.

Astuce : Pour isoler les colonies il faut prévoir un montage des pierres vivantes permettant d’avoir plusieurs groupes séparés par des espaces libres.

Dès à présent, il est nécessaire de surveiller et de noter les paramètres physico-chimiques plus régulièrement :

Plus d’info au chapitre consacré aux valeurs moyennes des paramètres

Pour maintenir des taux acceptables, faites alternativement des ajouts :

Plus d’info au chapitre ‘Les additifs compositions et dosages

Les ajouts sont justifiés car certaines substances sont transformées et, du fait du faible volume l'aquarium, leur concentration diminue. Entre autres : Calcium, magnésium et les carbonates sont consommés par les organismes réalisant une structure (squelette) en calcaire (CaCO3 = carbonate de calcium, calcite ou aragonite) y compris certaines algues.

L'iode et le strontium, favorisant la croissance des invertébrés sont ajoutés régulièrement car ils disparaissent naturellement au bout de quelques jours, aussi en partie extraits par l'écumeur et le charbon actif.

Remarques concernant les paramètres physico-chimiques

La lutte pour le maintient à des valeurs hautes de pH, entre 8 et 8.4, ne doit pas être uniquement chimique. En effet si le pH a trop tendance à chuter, malgré un dHK supérieur à 7, la cause est très probablement une pollution d'origine organique : Production d'acides carbonique et nitrique. Cela peut être aussi dû à un manque d'oxygène dans les couches basses d'un aquarium trop profond. Dans ce cas la hausse du pH passe par une meilleure hygiène : Siphonage de la sédimentation et des déchets, changements partiels de l'eau, un meilleur écumage et une amélioration du brassage plutôt que par une compensation chimique et l'ajout de solutions basiques.

Il est inutile d'intervenir brutalement et de faire de brusques variations si malgré de mauvais résultats de tests tout semble correct dans l'aquarium. Vous n'intervenez raisonnablement que si la tendance est à la dégradation ou bien que les animaux soient visiblement stressés. Contentez-vous de compensations régulières et progressives par petites doses et jugez toujours des résultats obtenus avant de continuer.

En cas de variations importantes ou de valeurs excessives, mettez en doute vos tests car certains kits sont peu précis ou se dégradent dans le temps. L'idéal est de faire une contre-mesure avec un appareil de laboratoire. Votre revendeur ou un ami aquariophile, peut éventuellement vous aider à faire cette contre-mesure. Avec l’expérience l’observation attentive de l’aquarium vous permet d’éviter d’avoir un recours systématique aux analyses chimiques.

7. T0+20 semaines enfin les Les poissons !

T0+20 semaines Ultime étape en l'absence de coraux délicats : L'ajout des poissons. Les coraux durs [Scléractiniaires] exigeant une qualité d'eau supérieure et une solide expérience de votre part seront introduits plus tard, dans un an, dix huit mois, rien ne presse…

La taille adulte, le nombre, le comportement, la niche écologique des poissons doivent être en rapport avec la taille, l'aménagement du bac et… votre inexpérience.

On fixe généralement à 1 cm pour 4 litres la quantité maximale en taille de poissons adultes que vous pouvez mettre dans un aquarium FO. Ceux-ci étant à la fois des prédateurs redoutables de la microfaune et de gros pollueurs vous limiterez vraiment leur taille et leur nombre. Par précaution cette valeur sera donc divisée par deux. Et avec un volume inférieur à 100 litres mieux vaut ne pas en mettre du tout. Il existe cependant de petits gobies qui peuvent survivre dans des volumes inférieurs.

Vous devez sélectionner avec soin les poissons compatibles avec votre aquarium pour constituer un biotope harmonieux. Peu de poissons du commerce aquariophile sont acceptables dans un aquarium récifal.

Contentez-vous de espèces faciles comme : Les très robustes, bien que batailleuses, poissons demoiselles Chromis viridis, les poissons clowns Amphiprion ocellaris, frenatus ou percula, les tranquilles Pterapogon kauderni, les Gobiosoma, Gramma loreto ou Pseudochromis (vanille-fraise) et si votre bac fait plus de 300 litres les poissons chirurgiens herbivores comme le Zebrasoma flavescens, tous sont très beaux.

Le confort pour un poisson récifal passe avant tout par son sentiment de sécurité : Absence de prédateurs ou de concurrents agressifs, qualité du décor comportant de nombreuses cachettes et refuges ainsi que par une nourriture copieuse et variée. Mais même dans un grand aquarium il ne faut pas placer deux individus ne pouvant pas vivre en communauté et luttant sans cesse.

Plus d’info au chapitre ‘Les poissons

L'option consistant à ne placer qu'un couple de poissons clowns Amphiprion frenatus ou A. ocellaris dans un aquarium micro-recif de volume suffisant est un choix raisonnable. Les Amphiprion sont des poissons résistants qui s'adaptent bien à la vie en aquarium. Leur comportement est naturellement territorial et convient à un petit aquarium (100 litres est un minimum). Une paire de jeune forme nécessairement un couple uni dont les ébats vous réjouirons. En l’absence de femelle, le mâle dominé (le plus petit) changera de sexe, et voilà. Dans un aquarium récifal mixte il est superflu de fournir une anémone symbiotique, le couple choisira un corail mou de substitution (Sinularia, Pachyclavularia, Sarcophyton, etc.). L’élevage des alevins, bien que difficile, n’est pas inaccessible aux amateurs. Les revendeurs proposent des Amphiprion ocellaris d’élevage.

Le premier poisson de l’aquarium sera un spécimen réputé très résistant Chromis viridis par exemple si vous avez retenu ce poisson. Observation du comportement pendant une semaine ou deux, tout va bien : On continu par le poisson ou le couple suivant, etc. Pour arriver à la population finale que l'on s'est fixé… ET PAS PLUS !

amphiprion occelaris

Couple d'amphiprion ocellaris, poissons clowns

Un couple d'Amphirion ocellaris ne devient (qu'un peu) agressif que lors des pontes où il défend vaillamment son territoire.

Il faut réellement limiter le nombre de poissons et résister à la tentation d'en ajouter de nouveaux, c'est parfois dur dans la boutique du revendeur, soyez fort… Et ne plus modifier un aquarium biologiquement équilibré.

Les poissons ne sont pas les animaux les plus fragiles de l'aquarium mais sont introduits en dernier car ce sont eux qui vont le plus bouleverser l'équilibre biologique qui c'est formé et cela que les poissons soient carnivores ou omnivores. Ce sont de redoutables prédateurs, il faut que le bac soit bien établi pour résister à leur présence.

Il ne faut pas introduire rapidement un poisson herbivore comme le Zebrasoma flavescens (poisson chirurgien jaune) sous prétexte que des algues filamenteuses sont apparues. Les algues inférieures ne sont pas une malédiction mais un processus normal d’épuration d’un milieu trop riche en nutriments (bloom algal ) dû à un excès de nitrates ou de phosphates qui devra être réglé avant l'introduction des poissons.

De toute façon un Zebrasoma ne réglera pas un problème d'explosion d'algues. Il raffole des algues supérieures, ou, en leur absence, de légumes de substitution. En revanche il n'aime pas trop les algues filamenteuses et les cyanobactéries. Comptez plutôt sur les petits gastéropodes et crustacés herbivores et… par un élagage manuel de votre part. Ne comptez jamais sur les poissons pour nettoyer un cloaque.

zebrasoma flavescens

Zebrasoma flavescens, poisson chirurgien jaune

Le nom de 'chirurgien', attribué à cette famille de poissons, vient des deux 'scalpels' blancs, appendices tranchants visibles de chaque coté à la base de la nageoire caudale. Ces pointes imposent le respect aux autres poissons de l'aquarium. Les chirurgiens sont des herbivores, le Z. Flavescens est le meilleur représentant de cette famille. Il convient bien à un aquarium récifal de plus de 300 litres.

Attendez que les algues supérieures soient bien implantées pour résister aux chirurgiens et que celles-ci aient supplanté les algues inférieures. Le rôle des poissons omnivores ou herbivores est de réguler la croissance des Caulerpa et autres algues dans un bac ou les algues ne sont supportées que cantonnées dans des petites zones où elles ne concurrencent pas les coraux.

L'introduction des poissons ou des invertébrés doit se faire avec précautions : Equilibrage de la température, de la salinité et des autres paramètres par un remplacement progressif de l'eau du sac de transport par l'eau du bac.

Ne mettez pas l'eau de transport dans l'aquarium car il a un risque d’introduire des traitements préventifs au cuivre et la qualité est généralement médiocre. Mais si vous le pouvez analysez l'eau de votre revendeur cela peut servir de référence à vos tests.

Une procédure d’acclimatation en 4 étapes et en 45 minutes
  1. Laissez flotter le sac de transport dans l’aquarium environ un quart d’heure pour que les températures se stabilisent.
  2. Retirer le sac, l’ouvrir, le placer sous l’aquarium et avec un tube de faible diamètre munit d’un robinet de réglage remplir le sac par un goutte-à-goutte, au moins jusqu’au ¾. Cette étape doit être faite posément et prend environ vingt minutes pour adapter en douceur l’animal aux paramètres de l’aquarium, en particulier la salinité.
  3. Jetez avec précautions l’eau du sac pour ne conserver que ce qu’il est nécessaire pour l’animal (environ le volume du départ) et recommencer l’étape 2 avec un rythme légèrement plus rapide. A la fin de cette étape l’eau de transport est remplacée par celle de l’aquarium à 90%.
  4. Jetez à nouveau l’eau du sac avec précautions pour ne conserver que le minimum. Prendre doucement l’animal pour le placer dans l’aquarium.

Si vous n'avez pas d'aquarium de quarantaine, le meilleur moment pour lâcher un poisson est le repas, il ne mangera probablement pas mais cette diversion fera que les autres poissons le laisseront tranquille. Dans tous les cas, poissons ou invertébrés, extinction de la lumière pour permettre une nuit de récupération.

Amphirion pereiderion

La nourriture ne sera probablement pas acceptée immédiatement. Un jeûne de quelques jours n’est pas un problème. Bien que vous essayerez d’apporter le régime alimentaire compatible avec le nouveau pensionnaire celle-ci ne sera tolérée qu’au bout d’une période allant de quelques jours à une ou deux semaines. Les Artemia vivantes (ou les nauplies) sont un met auquel peu de poissons résistent longtemps. Peu à peu de nouvelles nourritures seront acceptées : Nourritures sèches, végétaux terrestres, etc.

Un nouvel hôte, poisson ou invertébré, doit faire l’objet d’une surveillance accrue pendant quelques semaines. Pour bien interpréter les signes d’une inadaptation ou d’un problème, évitez les introductions multiples ou se succédant trop rapidement. Une nouvelle introduction est aussi un risque potentiel d'introduire involontairement une maladie ou un parasite en passager clandestin aussi minimisez les introductions dans un aquarium établi.

La maturité de l’aquarium

Vous mettrez environ six mois pour franchir l'ensemble de ces étapes avec pour objectif ne déplorer aucune perte. Mais ne vous laissez pas gagner par l’euphorie de la première réussite et restez toujours prudent et vigilant pour accompagner l’aquarium sur le chemin de sa maturité.

Il reste à confirmer dans le temps votre savoir faire. N’oubliez pas qu’un aquarium est fait pour durer de nombreuses années : Les coraux sont potentiellement immortels, la plupart des animaux ont une espérance de vie de 5 à 15 ans.

Le succès est principalement dû à la grande diversité animale et végétale qui réussie à se développer lentement mais progressivement dans l'aquarium récifal. Pour cela les prédateurs ne sont pas mis en surnombre.

Vous aurez aussi le souci de ne pas intervenir trop impulsivement en cas de léger dérèglement.

Au cours de la maturité du bac, vous observerez des cycles d'expansion et de régression au sein de colonies : Eponges, invertébrés, vers, coraux, etc. Au départ on ne remarque que quelques individus, puis la colonie croît jusqu'à devenir relativement envahissante. On s'interroge quand à la position à avoir…

Enfin la croissance se stabilise et généralement la colonie finie naturellement par régresser. En fait les conditions favorables à l'expansion finissent par s'épuiser dans le monde clôt de l'aquarium. Ces conditions peuvent être soit une accumulation soit au contraire un appauvrissement d'éléments nutritifs.

L'aquarium réagit et compense en partie en modifiant sa population. Il ne faut donc pas s'inquiéter trop rapidement d'une forte croissance d'une espèce à l'exception de fléaux avérés tels que : Les anémones Aiptasia, les planaires, les algues à bulles Valonia où il faut agir dès leur identification pour éviter une invasion.

chromis viridis

Chromis viridis, poisson demoiselle

Le chromis viridis, demoiselle bleue-verte, est le moins agressif des poissons demoiselles. En milieu naturel celui-ci vit en banc et se nourrit de fines particules. Doté d'un solide appétit il est également très résistant et actif. En aquarium prévoir de nombreuses caches pour éviter le harcèlement du plus faible par ses congénères.

Les fléaux

Les anémones Aiptasia

Véritable problème, l’envahissement de l’aquarium par les anémones de la famille des Aiptasia. Ce sont de petites anémones d’environ 1 à 3 cm avec une simple couronne de tentacules urticantes, transparentes ou brunâtres. Passagers clandestins des pierres vivantes, les Aiptasia se multiplient rapidement. L’invasion est cependant sournoise. Vous n’y prenez garde jusqu'à ce quelles commencent à coloniser les zones occupées par les coraux. A ce moment vous constater que ce sont de redoutables pestes qui gagnent toujours les combats chimiques et font mourir les coraux dans leur rayon d'action.

Si vous repérez un spécimen d’Aiptasia vous pouvez le combattre directement. Il ne faut surtout pas essayer de l’enlever car les fragments donneront naissance à d’autres petites Aiptasia (la reproduction asexuée très efficace). Le plus simple est de faire se replier l’anémone sur son support et de la recouvrir d’un peu de pâte époxy à deux composants de celle utilisée pour les boutures de coraux durs.

Compétition et lutte naturelle sont toujours les moyens les plus sûrs et efficaces pour combattre une invasion de plus grande ampleur.

Anémone Aiptasia
Anémone Aiptasia

Anémone Majano
Anémone Majano

Les nudibranches Berghia verrucicornis prédateurs des Aiptasia sont introuvables en France… Heureusement d’ailleurs car leur survie est impossible en l’absence d’Aiptasia. Il reste une arme naturelle excellente : Les crevettes Lysmata wurdemanni. Le résultat est impeccable et un couple de crevettes nettoie l’aquarium en quelques mois. Seul inconvénient : La trop grande discrétion des L. wurdemanni, il est exceptionnel de les apercevoir. Après disparition des Aiptasia les L. wurdemanni se nourriront sans problème comme toutes les autres crevettes Lysmata ommivores.

Les anémones Majano sont proches des Aiptasia, leur tentacules sont plus charnus et moins effilés. Ce sont également des anémones se propageant rapidement et pour cette raison un fléau. Pour s'en débarraser Il est possible de les emmurer à la colle epoxy ou encore de les piquer au vinaigre blanc.

Planaires
Planaires

Les planaires

En cas de planaires qui comme le nom le laisse présager sont de petits vers plats ressemblant à des feuilles mortes de 2-3 mm, il est préférable d’intervenir sans perdre de temps. Ces colonies de vers symbiotiques sont assez inoffensives mais se multiplient très rapidement lorsque les conditions sont favorables. Il faut les siphonner régulièrement et enlever le maximum avant une prolifération incontrôlable. Le meilleur moment est la nuit. Cela permet de regrouper ces vers en les attirant avec une lampe de poche dans un coin de l’aquarium.

Lutte contre les algues inférieures ou envahissantes

Les algues vertes filamenteuses bénéficiant d’un apport de nutriments croissent fortement lors de la phase d’eutrophisation de l’aquarium. Si celles-ci réapparaissent après l’étape de démarrage, elles signalent un taux de nitrates ou de phosphates probablement à la hausse. Il est nécessaire de revoir l’hygiène de l’aquarium et la capacité d’épuration de la filtration biologique (pierres vivantes, écumeur, filtre externe/décantation). Dans l’immédiat il faut extraire au maximum les algues de l’aquarium : Racloir, brosse à dents et épuisette pour capturer les débris. Les méthodes utilisées pour la lutte contre les phosphates sont également mises en place si l’invasion le justifie. En conclusion : Même si les algues vertes sont gênantes, elles consomment nitrates et phosphates et nous aident à lutter contre une pollution de l’aquarium.

Plus d’info au chapitre consacré au risque d’apport en phosphates

Les cyanobactéries sont des algues présentes naturellement dans tous les aquariums. Dans des conditions favorables elles peuvent proliférer et former un tapis gluant vert-bleu recouvrant le sol et les pierres. Mi-algues mi-bactéries, les ‘cyano’ sont capables de fixer l’azote sous sa forme gazeux. La lutte est donc particulièrement difficile et n’est pas aussi simple qu’avec les algues vertes filamenteuses avec lesquelles il suffit de couper la source de nutriments.

Voici comment vous devez vous organiser, il faut :

Armez-vous de patience, la lutte contre les cyanobactéries peut prendre du temps.

Valonia
Les algues Valonia ont la forme de bulles de diamètre 1 à 5 cm. Ces algues se multiplient très rapidement. Chaque ‘bulle’ contient les semences de l’algue aussi il faut faire attention et ne pas les crever pour ne pas les répandre dans l’aquarium. Lorsque très peu de Valonia sont identifiées il est possible de les retirer manuellement (avec précaution), en revanche dès que l’invasion prend de l’ampleur seul le petit crabe Mithrax, prédateur naturel, est vraiment efficace. Il ne faut pas la confondre avec la Caulerpa racemosa algue formant de petites grappes dont les grains ont un plus petit diamètre de 1 à 2 mm qui est parfaitement inoffensive.

Valonia
Algue 'bulle' Valonia (photo R. Parisot)

Pour info : Les diatomées et dinoflagellés sont également des algues inférieures présentes librement dans l’eau de l’aquarium et ne posent généralement pas de problème particulier. Les diatomées sont caractérisées par une coque en silice et participent à la sédimentation. Les zooxanthelles symbiotiques des coraux appartiennent à la famille des dinoflagellés.

Les maladies
Les poissons sont sujets à diverses parasites. le plus commun est Cryptocaryon irritans (Cryptocariose). Dans de bonnes conditions, une alimentation complète (vitaminée et comportant un peu d'ail), une vie sans stress, font que les parasites restent dans un état larvaire inoffensif. Si jamais une quelconque infection ou maladie se déclare dans un aquarium récifal les traitements à base de cuivre, et d'une manière générale, les médicaments sont définitivement à bannir. Même la baisse de salinité n'est pas sans effet sur les invertébrés. Aussi un traitament global de l'aquarium communautaire n'est pas une bonne solution. La véritable solution passe par un bac hopital mais ce dispositif n'est pas très courant chez les amateurs. D'autre part, la stérilisation UV n'est ni très efficace ni réellement justifiée.

La présence dans l'aquarium de crevettes déparasiteuses Lysmata amboinensis est déja une première arme contre les parasites. Si cette lutte naturelle ne suffit pas et que l'état du poisson le justifie vraiment (il est préférable d'attendre vraiment) il faut le capturer et lui administrer un bain d'eau douce. Voici la précédure:

Dans le cas de nécroses il faut faire un bain d'eau de mer (prélevée dans l'aquarium) auquel on ajoute 5 gouttes de lugol ou 10 ml de chloramphénicol par litre (le chloramphénicol est un antibiotique et n'est donc disponible que sur ordonance). Une application locale avec un coton tige est aussi possible.

Les coraux sont également sujets à des nécroses. Il faut tout d'abord être certain de ce fait. En effet il est possible de confondre une nécrose (attaque bactérienne ou mycose) avec une blessure (par un animal prédateur ou le résultat d'une lutte chimique entre coraux pour l'occupation du territoire) et également avec une régression des tissus, conséquence de mauvaises conditions environnementales que procure l'aquarium (température excessive, brassage trop fort ou trop faible, mauvais éclairage, taux de nitrate ou phosphate excessif, mauvaise alimentation, ...). Dans ces deux dernières hypothèses, blessures et régression, il faut améliorer les conditions de maintenance sans faire subir de stress supplémentaire au corail.

Si jamais il s'agit bien d'une nécrose il faut tout d'abord supprimer tous les tissus attaqués. La capacité de régénération du corail est bonne il ne faut pas hésiter à amputer les parties atteintes. Le bain au lugol dans les mêmes conditions que celles recommandées pour les poissons peut aussi être appliqué, voir un bain d'eau douce s'il s'agit d'un parasite impossible à éliminer autrement.

Soyez attentifs : Les invertébrés marins ne donnent pas de signes avant coureurs de mauvaise santé et semblent être en bonne forme juste avant de présenter de graves lésions et une nécrose tissulaire. Dès cet état les organismes nécrophages, au flair infaillible, vont attaquer les tissus nécrosés. Il s'agit d'un comportament normal et même utile aussi ne confondez pas un prédateur et un nécrophage vous aidant dans votre métier d'aquariophile!


Vérifiez que votre achat est conforme à La Convention sur le Commerce International des Espèces de Faune et de Flore Sauvages Menacées d'Extinction (CITES)

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